Introduction, traduction et notes par Luce Pietri,
Texte latin de B. Krusch (MGH).
Ecrits dans un latin empreint de simplicité, les Miracles de saint Martin constituent un document majeur pour le culte du saint au VIe siècle, à Tours et au-delà.
Ouvrage publié avec le concours de la Fondation Saint-Irénée.
L'EDITEUR :
D'une famille sénatoriale de Clermont-Ferrand, Grégoire devient évêque de Tours en 573 et un personnage influent dans l'Eglise et les Royaumes mérovingiens, jusqu'à sa mort en 594. Ses écrits sont importants pour l'histoire de son époque : entre autres, 10 livres de l'Histoire des Francs, le De cursu stellarum ratio, ouvrage liturgique, 8 livres de Miracles. Les 4 livres des Miracles de saint Martin (De uirtutibus sancti Martini) forment en effet les livres III à VI d'un grand recueil de Miracles en 8 livres. Dans le 1er livre, Grégoire consigne quelques-uns des miracles du Christ, des apôtres et de martyrs, dans le livre II, ceux de saint Julien, dans le livre VII, la vie de quelques bienheureux, dans le livre VIII, les miracles de quelques confesseurs. Dans ce plan, la place de saint Martin est donc majeure. Universellement connu encore aujourd'hui comme ce soldat romain qui donna un jour la moitié de son manteau (l'autre moitié appartenait à l'armée) à un homme transi de froid, saint Martin a été l'apôtre de la Gaule et l'un des pères de la vie monastique en Occident (il a fondé les abbayes de Ligugé et de Marmoutier).
Il a inspiré de nombreux écrivains latins, en particulier, dès le Ve siècle, Sulpice Sévère (Vie de saint Martin - devenu un classique ; Gallus ou Dialogue sur les " vertus " de saint Martin) et le poète Paulin de Périgueux (Vie de saint Martin , en vers). Prenant le relais de Paulin de Périgueux qui, au chant VI de sa Vie de saint Martin, avait consigné, durant l'épiscopat de Perpetuus (458/9-488/9), une série de miracles posthumes procurés par Martin, Grégoire de Tours s'est quant à lui assigné pour tâche de collecter et publier ceux advenus depuis lors et tout particulièrement depuis sa consécration à l'épiscopat en 573.
Sur les 207 chapitres que comptent au total les quatre livres du De uirtutibus s. Martini, 200 ont trait à une intervention posthume de Martin au sujet de laquelle Grégoire se porte personnellement garant. A partir de 573 donc et jusqu'à la veille de sa mort en 594, il déroule, année après année, une chronique des événements miraculeux opérés principalement à Tours, la cité martinienne vers laquelle accourent les pèlerins : ces derniers viennent chercher l'aide d'un thaumaturge, tout particulièrement réputé comme médecin. Cependant, les guérisons obtenues ici-bas par le confesseur sont autant de " signes " préfigurant les réalités éternelles : de même, par exemple, qu'ici-bas il délivre les corps des paralytiques des contractures qui les bloquent, de même, il libérera des entraves du péché les âmes des défunts au jour du Jugement dernier. A la fois pasteur et historien méthodique, Grégoire a eu soin dès l'abord de prémunir ses lecteurs, et contre les dérives de l'hagiolâtrie, et contre les assauts du doute, grâce à l'ample préambule qui, constitué du prologue et des six premiers chapitres du livre I, donne sens à l'ensemble de l'ouvrage.
Dans cette démonstration, tout découle du principe énoncé dès la première phrase : Dieu est l'unique auteur des miracles, dont Martin, de même que les autres saints, n'est que l'instrument, ce qu'il fut de son vivant et - plus difficile à concevoir - le demeure après sa mort. Ecrits dans un latin empreint de simplicité, les Miracles de saint Martin constituent un document majeur pour le culte du saint au VIe siècle, à Tours et au-delà.
L'HOMME NOUVEAU, tribune libre de Yves Chiron, août 2023 : Les miracles de saint martin de Tours
Saint Martin, mort en 397, fut le troisième évêque de Tours. La sainteté de sa vie et les miracles qui lui furent attribués de son vivant firent aussitôt de son tombeau un lieu de pèlerinage. Deux siècles plus tard, son successeur, saint Grégoire, évêque de Tours de 573 à 594, composera, en quatre livres, un recueil intitulé De virtutibus sancti Martini. Ce recueil est, pour la première fois, traduit intégralement par Luce Pietri, avec le texte latin en regard, de nombreuses notes et une longue introduction. Luce Pietri, professeur émérite à l’université Paris IV-Sorbonne, avait consacré sa thèse de doctorat à la ville de Tours du IVe au VIe siècle et a publié de nombreuses études sur la Gaule durant l’Antiquité tardive.
Entre l’époque de saint Martin et l’époque de saint Grégoire, la ville de Tours a grandi, s’est transformée, est devenue un lieu de pèlerinage, avec des fidèles venus parfois de fort loin. Différents lieux attirent pèlerins et suppliants : le monastère de Marmoutier, le puits qu’il a lui-même creusé, l’église de Candes avec la cellule où il est mort et surtout la basilique où se trouve son tombeau.
Le recueil de Grégoire de Tours rassemble en 207 chapitres autant de miracles. L’évêque Grégoire est un historien rigoureux, dont témoigne son autre grande oeuvre, l’Histoire des Francs, qui lui vaudra plus tard le titre de « père de l’histoire de France ». Les miracles qu’il rapporte se sont quasiment tous produits durant son épiscopat. Il les a constatés lui-même, a pu interroger les bénéficiaires ou des témoins, ou encore ils ont été scrupuleusement enregistrés par les gardiens des différents lieux saints où ils se sont produits.
Conforter la foi des croyants.
L’évêque Grégoire est aussi un pasteur. Il veut certes édifier ses lecteurs, les inciter à avoir de la dévotion pour son saint prédécesseur et, comme il l’écrit dans la préface à son recueil, transmettre « à la mémoire des générations futures les miracles d’à présent ». Mais ses récits sont d’abord destinés à « conforter la foi des croyants » et à dispenser un enseignement sur Dieu. Aux premières lignes de son ouvrage, il rappelle la bonne doctrine des miracles : ils ne sont pas l’oeuvre extraordinaire du saint, mais « les miracles que le Seigneur notre Dieu daigna opérer par l’intermédiaire du bienheureux Martin ».
Les miracles attribués à l’intercession de saint Martin sont très divers : il guérit – c’est le plus grand nombre des miracles – mais aussi il est invoqué avec succès face à des périls naturels, il libère des innocents injustement condamnés et des esclaves, il délivre aussi des possédés et chasse les démons.
Prenant le relais du poète Paulin de Périgueux qui, au chant VI de sa Vita sancti Martini, avait consigné, durant l’épiscopat de Perpetuus (458/9 - 488/9), une série de miracles posthumes de Martin, Grégoire de Tours s’est assigné pour tâche de collecter et de publier ceux advenus depuis lors et notamment depuis sa consécration à l’épiscopat en 573.
À partir de cette date et jusqu’à la veille de sa mort en 594, il déroule, année après année, une chronique des événements miraculeux opérés principalement à Tours, la cité martinienne vers laquelle accourent les pèlerins : ces derniers viennent chercher l’aide d’un thaumaturge, tout particulièrement réputé comme médecin.
Cependant, les guérisons obtenues ici-bas par le confesseur sont autant de « signes » préfigurant les réalités éternelles : la délivrance des corps en ce monde entend annoncer la libération des entraves du péché pour les âmes des défunts au jour du Jugement dernier, car c’est aussi une oeuvre pastorale que fait ici l’historien, en témoin privilégié.
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Fiche technique
- Collection
- Sources chrétiennes
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2023
- Nombre de pages
- 468
- Hauteur
- 20
- Largeur
- 13
- Épaisseur
- 2.5
- Poids
- 0.488 kg
- ISBN
- 9782204154888
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