Jules César

PRESENT DU 30 MAI 2020, Patrick Wagner :

   Aborder ce type de personnage historique, c’est immédiatement se plonger dans la longue mémoire, celle de ces condottieres qui ont mené le monde, leur monde, portés par une vision. C’est également mesurer le vide qui sévit à la tête de nos sociétés contemporaines. La crise du virus Corona aura démontré une nouvelle fois le règne piteux des technocrates, des experts et autres spécialistes cachés derrière leurs chiffres, leurs statistiques et autres probabilités, leur morgue dans leur costume deux pièces, « grands diseux mais petits faiseux ». Jeanne la Pucelle se leva de bon matin et bouta l’Anglais contre toute attente. Charles Martel endigua l’invasion arabe parce qu’il le fallait. Napoléon saigna l’Europe, tout comme Hitler plus tard, mais encore une fois, un but, une mission, un rêve les guidaient et rien ne devait les entraver, quitte à tout emporter dans leur folie. Pensons à Ungern, baron fou, ivre d’épopée et de sang, dont nous fêterons l’année prochaine le centenaire de la disparition… Nombre d’épopées désespérées, de destins tragiques auront marqué de leur empreinte l’histoire de l’humanité. Benoist-Méchin, en son temps, tenta à sa façon d’explorer ces vies exceptionnelles à la hauteur du rêve le plus long de l’histoire ! Rêve fracassé (Lawrence d’Arabie), rêve évanoui (Cléopâtre), rêve inassouvi (Bonaparte), rêve immolé (Lyautey), rêve calciné (Julien), rêve dépassé (Alexandre le Grand), rêve excom- munié (Frédéric de Hohenstaufen), rêve éveillé conviendrait bien à César et ce sera l’historien Jérôme Carcopino qui s’en chargera magistralement en 1936. Mais revenons à nos moutons et ne jugeons pas ces hommes, ces faits historiques à l’aune de nos principes démocratiques.

   César n’était pas non plus un démocrate. Il portait une vision du pouvoir, des conquêtes à accomplir qu’il désirait offrir à Rome, à sa plus grande gloire. Tout se mêlait, s’entremêlait, fascinant les foules jusqu’à aujourd’hui. Ce destin, il se l’était choisi, forgé dès le plus jeune âge, désireux de dépasser son modèle – et quel modèle ! – Alexandre le Grand. César, consciencieuse- ment, posera les fondations de ce qui deviendra l’Empire romain. Ses contemporains parlaient de sa fortuna, ce qui contribuera à promouvoir la dimension quasi divine de sa destinée. Jérôme Carcopino saura, pour notre plus grand bonheur, rendre l’épaisseur, le volume du sujet ô combien épineux à traiter. Jean-Louis Brunaux, préfacier de cette belle réédition, écrit au sujet de l’auteur : « Ce portrait de César est à l’image de l’ouvrage qui lui est consacré. La substance abondante, la culture océanique et son auteur ne nuisent jamais à la subtilité des analyses, à la proximité, quasi de connivence, entre l’écrivain et le héros. Les encyclopédies assurent qu’il s’agit du chef-d’oeuvre de Carcopino. A juste titre. Peut-être parce que celui-ci, en renonçant à résoudre cette énigme qu’est César, lui a rendu toute sa dimension humaine. Le livre refermé, le lecteur a le sentiment, sinon de connaître tout à fait le Romain le plus illustre, au moins de le mieux comprendre. » Tout est dit, à vous, maintenant, de vous faire votre propre idée !

Au sommaire :

• La liquidation sénatoriale 78-69
• La grandeur de Pompée
• L'ascension de César
• Le triumvirat et la conquête des Gaules 58-49
• La guerre civile 49-45
• La révolution de César
• Index - Cartes