Un document inédit, rédigé par le colonel Château-Jobert, en mars 1958, qui au delà de la guerre d'Algérie, n'a rien perdu de son actualité.
PRESENT, 17 mai Francis Bergeron : En 1958, le colonel Chateau-Jobert commandait la brigade de parachutistes coloniaux, basée à Bayonne. Dans le cadre d’un stage « combat-choc », cette étude, qui était un « rapport de stage », avait été rédigée collectivement par des officiers supérieurs sous sa direction. Elle traduit bien le malaise de ces soldats dans le contexte d’une guerre d’Algérie qui semble s’achever sur le terrain purement militaire, mais sans vision claire de la suite, et d’une armée en proie au doute.
Chateau-Jobert dresse un constat sévère à l’égard du haut commandement et des politiques. Les événements du 13 mai 1958, à Alger comme à Paris, vont survenir alors que les cadres de l’armée exposent leurs états d’âme, ce que traduit ce texte : « La France ne “fait” pas la guerre, elle la subit […]. Personne n’admet que l’armée souffre. » Chateau-Jobert défend notamment la « légitimité d’emploi des armes de l’adversaire ». C’était, à l’époque, un débat qui agitait les consciences. En janvier 1962, allant jusqu’au bout de la logique de son analyse, l’ancien FFL déserte et rejoint l’OAS en Algérie. Condamné à mort en 1965, il sera gracié trois ans plus tard.
Ce texte est d’abord un document historique. Peut-il alimenter aussi ceux qui s’intéressent aux problèmes de l’autorité, dans le domaine militaire comme sur d’autres terrains, ainsi que le pense l’éditeur ? On reste un peu sceptique, tant l’époque a changé.
Le colonel Château-Jobert a rédigé ce texte en mars 1958 (donc avant les événements du 13 Mai à Alger), alors qu'il était commandant à Bayonne de la Brigade de Parachutistes coloniaux (BPC), devenue à la fin de cette même année, la Brigade parachutiste d'Outre-Mer (B.P.O.M.). Il s'agit d'un rapport de stage « Combat-choc » qui a permis « à quelques 200 officiers supérieurs de confronter leurs difficultés et leurs inquiétudes » de l'époque dans les centres d'instruction.
Ce « rapport particulier », décanté, repris et modifié, est devenu « l'œuvre d'une collectivité ». Il exprimait alors « l'inquiétude de chacun devant une stagnation de l'armée dont celle-ci se refuse à être la responsable ». L'auteur reconnaît qu'il s'attaque au commandement, mais qu'il ne fait ici que de « tenter de réveiller la conscience des responsabilités » :
«Avoir l'esprit-choc au combat et ne l'avoir plus quand l'adversaire à convaincre est le «érieur», ça ne se conçoit pas. Telle est la justification de "Bagarre pour une armée".
«L'esprit-choc, c'est l'opiniâtreté, la flamme et l'espoir. Quand on ne l'a plus, on ne peut exiger des subordonnés qu'ils l'acquièrent, ni commander ceux qu'ils l'ont.
« Il faut se mettre à la retraite. »
Ce document inédit, au-delà du contexte de la guerre d'Algérie, n'a pas perdu de son actualité. Il alimentera la réflexion de tous ceux qui, même sans appartenir à l'armée, s'intéressent aux problèmes de l'autorité, qu'elle s'applique dans le monde militaire comme dans d'autres domaines.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- Avril 2022
- Nombre de pages
- 65
- Hauteur
- 21
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 0,4 cm
- Poids
- 0,10 Kg
- ISBN
- 9782851903259