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Il nous a fallu du temps pour comprendre que "liberté sexuelle" était en fait un oxymore. Du moins dans le sens que l'on donne aujourd'hui au terme - une liberté faite de voyeurisme, de vénalité, de répétitions - et, au fond, de conformisme. Bref, ce que l'on appelle désormais pornographie.
Pour éviter les aléas liés à la circulation de marchandises, le système a eu l'idée d'en vendre seulement l'image - et de modifier en profondeur le désir afin qu'il se contente de ces images, et accepte d'en payer le prix exorbitant. Coup double : on vend du virtuel, du vent, et on transforme l'acheteur pour qu'il s'en contente. La pornographie se paie cash. En traumatismes, violences, mépris des autres et de soi-même. Eros et Thanatos, dans le même bateau. Toutes ces petites morts simulées font un grand cadavre - celui de notre civilisation. Sous les projecteurs des studios, on détruit les Lumières.
La pornographie assigne, impose, ordonne. Elle est la taylorisation de l’individu. L’érotisme est son exaltation. L’une est libérale, l’autre est résolument libertaire – ou libertin.
La société pornographique met l’homme et la femme à la chaîne, en feignant de les libérer. Elle les segmente, en évitant de garder la tête – le sexe lui suffit. Elle tue le désir en prétendant le combler. Elle fait le vide. Elle fait le rien. Le monde libéral est d’essence pornographique.
L’économie a trouvé sa transcription libidinale, et le désir s’exprime en termes de marché. L’obscène est sur la Toile, il est aussi dans les discours des politiques, les comportements des industriels, les prétentions des artistes.
"La Société pornographique" est l’analyse globale d’un monde où l’Avoir s’est substitué à l’Être – et l’a éliminé.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2012
- Nombre de pages
- 130
- Hauteur
- 21
- Largeur
- 13
- Épaisseur
- 1.2
- Poids
- 0.172 kg
- ISBN
- 9782849413128