Les destructeurs - US imperium : la fin. Un nouveau monde émerge

ACTION FAMILIALE ET SCOLAIRE, octobre 2024 : 

   L'objet de ce livre est dans son sous-titre US Imperium : la fin. Il analyse comment les États-Unis tentent d'imposer leur domination sur le monde depuis un siècle, au détriment évidemment des pays qu'ils asservissent.

   Il est structuré en quatre parties.

• La première dresse le constat d'un « empire de la mort », à savoir la sienne tout d'abord qui se profile (d'où le sous-titre), tant l'empire américain est actuellement contesté et vacille sur ses bases, mais également celle qu'il apporte avec lui : ce pays n'apporte plus "la liberté éclairant le monde" mais la mort et les bombes, comme on a pu le voir en Serbie, Irak, Libye, Syrie, Ukraine, etc. L'auteur ajoute même que de 1776 à 2022, « les États-Unis ont été en guerre 228 ans soit près de 98 % de leurs 246 années d'existence » (p. 25). Un beau palmarès !
• La seconde partie analyse les différentes phases de la mise sous tutelle de l'Europe par les É-U., à commencer par le plan Marshall et l'otanisation croissante des pays du continent, avec la complicité active des européistes. Ce constat rejoint les conclusions de notre article L'Europe à la remorque des États-Unis, paru dans le n° 292 de la revue.
• La troisième partie expose le dépeçage de l'Europe auquel s'attellent les É-U. depuis quelques décennies, l'exemple-type étant celui de la société française Alstom, mais qui se poursuit également à travers le démantèlement des services publics, à l'aide d'agences de dépeçage de type McKinsey, auxquelles fait appel indûment notre intrus élyséen. Ce qui oblige alors à mettre en lumière la traîtrise de nombreux hommes politiques français et européens, aujourd'hui bien connue, mais insuffisamment dénoncée et pas encore réprimée. AFS 295 66
• La quatrième partie, enfin, évoque l'émergence d'un monde non atlantiste à l'est (Russie, Chine, BRICS) susceptible, selon l'auteur, de susciter de l'espoir, mais dont nous voudrions toutefois réfréner les ardeurs.

   L'analyse pèche ici sous un double aspect : elle globalise trop l'influence perverse des États-Unis, sans en montrer les racines mondialistes qui colonisent le pays de l'intérieur ("l'État profond") et qui suscitent même en interne des divisions ; elle ne met pas en évidence que les États-Unis sont à l'ouest ce que la Chine est à l'est, à savoir une dérive idéologique aussi malfaisante l'une que l'autre : excès de libéralisme et amoralisme d'un côté, excès d'étatisme et totalitarisme de l'autre. Ce n'est pas un monde libérateur qui émerge, mais plutôt les deux tenailles (capitalisme et communisme) d'un monde oppressant dont les mondialistes sont les véritables manipulateurs et dont ils veulent faire la synthèse. L'espoir n'est ni à l'ouest, ni à l'est, mais dans le juste équilibre entre État et liberté individuelle, que l'ancienne Europe avait su trouver et auquel il faut revenir. 

   Écrit dans un langage accessible (l'auteur est journaliste d'investigation), ce livre dresse donc un panorama intéressant des manoeuvres de conditionnement des États-Unis envers leurs alliés depuis la 2e Guerre mondiale : chantage, espionnage, corruption, destruction économique, dont la guerre en Ukraine n'est que le dernier avatar en date. Il a le mérite de donner au lecteur des références probantes, face à la propagande que les USA tentent d'installer depuis cette date sur le thème de l'Alliance atlantique, la défense des valeurs ou la lutte antiterroriste.

   Une phrase pourrait résumer le livre : « Lorsque les États-Unis dénoncent le terrorisme dans le monde tout en étant la plus grande et la plus ancienne puissance terroriste du monde, on se demande si les mots ont un sens. » On pourra déplorer un panorama parfois superficiel, qui aurait mérité des développements, l'absence d'annexe documentaire, d'index et le choix du report des notes à la fin du livre, assez pénible. Mais ce livre est nécessaire pour tous ceux qui douteraient des mauvaises intentions de notre "ami américain". Elles sont exposées ici avec la crudité qui s'impose.