De la nécessité politique de sortir de l’enfance.
NOUVEAU PRESENT, Les lectures de Madeleine Cruz, 22 avril 2024
[...] la thèse Boussion est intéressante : elle explique que l’évolution moderne de l’éducation des enfants est devenue une anti-éducation. Quelques exemples ? Pour un oui ou pour un non on fait désormais voter les enfants afin qu’ils exercent leur « citoyenneté », alors que le vote reste fixé à dix-huit ans. Comme si on mettait sur le même pied adultes et enfants. Second exemple : les héros offerts à l’admiration des enfants sont systématiquement eux-mêmes des enfants, mais largement munis de capacités cognitives, de savoir, de puissance, voire de super-puissances. Il y a « disparition dans ce type de personnage, de toute idée d’apprentissage et donc d’éducation ». Troisième exemple : alors que « dans le monde de l’enfance, le sexe opposé est nimbé de mystère », et que les différences physiques et psychiques entre filles et garçons apparaissent progressivement, l’agenda LGBT tend à « bloquer » la découverte de la binarité des sexes.
Le wokisme, la cancel culture, ce refus de toute contrainte, ce refus des leçons du passé, ce rejet des « figures contraignantes : le père, le vieux, le blanc » seraient la conséquence de ce bouleversement dans l’éducation. Le wokisme, qui n’est qu’une forme de gauchisme traduirait la tentation de certains, parmi les générations nouvelles, de rester dans leur enfance, ne supportant pas les contraintes d’un apprentissage, ni l’évolution différente des êtres humains en fonction de leur sexe etc.
L’auteur applique sa grille d’analyse de l’émergence du wokisme à une série de pratiques (le point Godwin, par exemple, la fameuse reductio ad hitlerum) et de revendications d’aujourd’hui qui toutes traduisent un refus de « la triplette infernale » : autorité, hiérarchie, discrimination entre compétents et non compétents. Je serais tentée de résumer la thèse de l’auteur de la façon suivante : les wokistes sont de grands enfants. Evidemment, dit comme cela, la nocivité de ces crétins parait atténuée. Mais Boussion ne la minimise pas, en, fait.
Et franchement je reste assez séduite par la pertinence du regard de cet auteur, qui nous est d’ailleurs présenté de façon très elliptique : un « membre de la rédaction du site d’information Egalité & Réconciliation ». On aimerait en savoir plus. Sa thèse est sans doute contestable, trop schématique, que sais-je ? Mais je la trouve personnellement assez novatrice. Elle fait réfléchir, en tout cas. L’enfant et le wokiste croient. L’adulte pense. En fin de compte c’est leur infantilisme même qui perdra les adeptes du wokisme. Mais quels dégâts d’ici la disparition du virus !
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Au sommaire :
- L'enfance reine
- Dépasser la contradiction
- L'enfance politique
- Conclusion
Depuis quelques années, nous assistons à l’émergence d’une idéologie issue du gauchisme qui, sous prétexte de bienveillance, conduit à une volonté de destruction, d’effacement, de dénonciation de tout ce qui, dans nos sociétés, notre civilisation ou notre histoire, pourrait offenser des minorités éternellement désignées comme victimes. Cette idéologie, le wokisme, revêt ceux qui y adhèrent d’un manteau de pureté morale qui les place, dans la construction mentale qu’ils se font du monde, tout en haut de la hiérarchie : ils sont les « éveillés ». En réalité, cette idéologie fait des ravages au sein même de ses militants qui ne voient plus le monde que comme une série de rapports binaires et antagonistes, monde et civilisation dont ils sont issus et qu’ils haïssent. Mais qu’est-ce qui pousse vraiment ces chevaliers du bien à tant de violence contre tous ceux qui ne partagent pas leur vision, contre leurs ancêtres et finalement contre eux-mêmes ?
En réalité, ce mouvement s’inscrit dans un processus bien plus large et bien plus profond, un changement de paradigme qui affecte de plus en plus nos sociétés occidentales, un rapport au monde qui est celui de l’enfance, vue non pas comme un stade de l’évolution de l’individu, mais comme une « matrice intellectuelle faite de catégories, de raisonnements et de valeurs, qui déterminent des choix, des actes ou encore des prises de position idéologiques ». L’auteur se donne ainsi comme objectif de comprendre quelles sont « les conséquences politiques de la persistance de cet état chez l’adulte, c’est à dire la manière dont une conception infantile de soi et du monde peut déterminer, au-delà des apparences et parfois à son insu, la place réelle d’un individu dans l’espace politique », en analysant le concept d’enfance, ses manifestations sur le plan sociétal et sur le plan psychologique, en décrivant la place qu’elle prend dans nos sociétés et finalement en démontrant comment cette immaturité permanente « se révèle le terreau privilégié de l’inconscience politique – et donc de toutes les manipulations ».
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2024
- Nombre de pages
- 164
- Hauteur
- 19
- Largeur
- 13
- Épaisseur
- 1.4
- Poids
- 0.170 kg
- ISBN
- 9782367251868