Ariane Bilheran
Psychopathologie du totalitarisme
Sommes-nous dans une dérive totalitaire ?
Préfaces de Véra Sharav, & Slobodan Despot,
Posfaces de Senta Depuydt & Virginie de Araujo-Recchia.
Etude du totalitarisme sous l’angle des processus psychiques conduisant à l’idéologie totalitaire et au fanatisme de masse qui soutient cette dérive. Le but n'est plus l'aliénation mais l'annihilation du sujet humain...
ACTION FAMILIALE ET SCOALIRE, octobre 2024 :
Nous avons à plusieurs reprises signalé le travail de réflexion d’Ariane Bilheran à l’heure de la "pandémie" covidesque, à l’occasion de ses courageuses interventions dont Chroniques du totalitarisme et Le débat interdit, langage, COVID et totalitarisme rassemblaient l’essentiel de ses observations. Normalienne, docteur en psychopathologie, psychologue praticienne, avec la parution de Psychopathologie du totalitarisme, elle applique à notre société souffrante son expérience originellement centrée sur l’observation de la personne, s’appuyant sur l’étude de la politologue et philosophe Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme.
Ici, elle oriente le projecteur sur la société politique. En effet, pardelà les hommes qui y vivent, il y a les institutions dans lesquelles ils évoluent. Elles exercent un pouvoir considérable, agissent sur eux à leur profit ou contre eux. Mme Bilheran observe les pratiques des "élites" financières, politiciennes, idéologiques, culturelles qui animent, orientent, gouvernent nos sociétés ; pour y déceler une volonté hégémonique mondiale d’asservissement des populations. Elle dénonce sans détours la discrétion, pour ne pas dire les secrets mensonges qui servent de fondement au projet, accentués par l’abrutissement idéologique des masses. Les modes de fonctionnement qui en AFS 295 70 découlent et leurs conséquences sur le comportement des personnes en groupe sont l’objet de ses réflexions. Si elle se risque à parler de pouvoir totalitaire c’est qu’elle constate qu’à la base se trouve une idéologie3, qu’elle définit comme… … un récit qui ne correspond ni à la vérité ni à la réalité de l'expérience, qui s'appuie sur de premières hypothèses fausses, sur une novlangue, et qui exige une adhésion sectaire, une croyance fanatique, sans possibles contestations, doutes et encore moins remises en question. Supporté par les médias, ce système de pensée apparemment cohérent mais sans lien avec le réel, est le moyen de conditionner les masses et d’exercer… … le règne sans partage sur les corps et les esprits (la vie intime des sujets), le refus catégorique de toute forme d'opposition ; le règne par la terreur et l'idéologie. La mise en scène de la période covidienne est un cas d’école qui restera dans les annales ; point n'est besoin d’être spécialiste des sciences humaines, ou de recourir au communisme ou au national-socialisme pour imager la lecture au fil des pages : Tout doit être subordonné à l’idéologie : la loi est transgressée de façon permanente pour servir les besoins de la cause idéologique.
Parvenir à la maîtrise des masses suppose un mode opératoire progressif, de nombreuses fois observés par des auteurs aussi différents que Koestler ou Anders, Klemperer, Huxley, entre autres ; ce n’est que la mise en oeuvre des procédés de base de toute guerre psychologique, afin de créer des ruptures intellectuelles et psychiques. A. Bilheran parle de « déferlement totalitaire » qui procède par « harcèlement » de la personne. Les médias, caisses de résonance, sont les vecteurs de diffusion de la crainte, puis de la peur de s’exprimer ou de réagir ; le doute s’insinue dans les esprits, conduisant la personne à un repli sur soi, à l’isolement, dans un état de sidération traumatique, figée « dans un temps présent sans passé 3 voir la brochure AFS n° E067 - Idéologies et réalités 71 AFS 295 ni futur ». Parler alors d’effacement des personnalités exprime mal le fait que méfiance et suspicion érigées en règle de vie aboutissent à rompre tout lien social. Doute, crainte, silence sont contagieux et peu à peu engendrent une « majorité silencieuse », une masse amorphe et disciplinée. La mise au pas des récalcitrants se faisant par la correction mutuelle ou... la délation, éventuellement la force publique ou l’hôpital psychiatrique et dans tous les cas la mise au ban par les médias : en quelque sorte, le régime de la Terreur. C’est ainsi que l’auteur en arrive à expliquer le phénomène de « délire collectif », de « contagion délirante ».
Cette analyse sans concession de la réalité contemporaine serait désespérante si elle ne se terminait par un chapitre intitulé L’expérience spirituelle en temps totalitaire. L’auteur assure que… … remettre les mots à l’endroit est une entreprise de décontamination psychique, car la langue est à la fois symptôme et origine de la contagion délirante dans le phénomène totalitaire. A. Bilheran exhorte le lecteur à ne pas rester inerte, à débusquer le mensonge, informer, expliquer, corriger, démontrer. Elle en est un exemple. Encore faut-il que nos contemporains aient compris qu’il y va de notre avenir, et que cela nécessite "héroïsme et sacrifice" pour reprendre le titre de son avant dernier chapitre : prendre le temps de s’informer, de se former pour se nourrir et être capable de faire connaître le Vrai, le Beau, le Bien autour de soi. Elle invite en effet à se purger des « nourritures émotionnelles et intellectuelles » indigestes de notre époque car il y a nécessité de se réparer, parce que « l'idéologie totalitaire capture la transcend
POLITIQUE MAGAZINE, Elisabeth Audrerie, 30 décembre 2023 :
Tâche nécessaire, à l’aune des phénomènes de mondialisation que nous vivons actuellement et dont certains processus doivent nous inquiéter, tant leurs formes ne sont pas étrangères aux mécanismes des totalitarismes étudiés. Si, comme le définit Hannah Arendt, le totalitarisme est l’ambition de la domination totale, le postulat de base suppose ainsi une idéologie et des masses pour y adhérer, car sans adhésion consciente ou inconsciente, l’idéologie perd le terreau sur lequel s’enraciner et se propager.
Ariane Bilheran, par son expérience clinique associée aux fruits de ses réflexions et de celles des grands spécialistes en la matière, met en avant la notion d’aliénation mentale. L’idéologie, en tant que mur porteur du totalitarisme, est, par nature, incohérente, sans lien avec l’expérience vécue, dénuée de toute vérité, fonctionne par la peur et l’injonction paradoxale, et, par le choc traumatique qu’elle crée sur les individus, entraîne selon les cas, soit le déni, soit la sidération, soit l’activisme par crainte de l’exclusion. L’histoire récente nous a montré des cas de totalitarismes violents. L’histoire actuelle dessine un totalitarisme rampant et invisible, faisant le lit de méthodes de plus en plus agressives, provenant de sources variées, et prenant des formes différentes selon les pays, d’où une perception brouillée d’un mal difficilement identifiable.
Tortures intellectuelles et injonctions paradoxales
Or, les dérives totalitaires, nous indique Ariane Bilheran, portent en elles divers aspects aisément identifiables comme notamment un rapport pathologique à la langue (inversion du sens des mots, dissociation du réel et de la pensée, absence de logique, déni de la réalité, réécriture de l’histoire) et une vision prophétique qui viendrait, tel un pansement, apporter une solution aux problèmes qu’elle a elle-même engendrés. C’est ainsi que l’individu, face à une vision masochiste, et une mise en œuvre perverse, en vient à perdre tous ses repères et, mis dans l’impossibilité de les analyser, n’a pas d’autres choix que d’épouser ce délire paranoïaque. Face à ce déni collectif, le critère de vérité devient le critère du plus grand nombre, et l’idéologie totalitaire s’installe.
Il faut en effet une force psychique hors du commun pour parvenir à garder un raisonnement sain dans un monde qui devient fou, confronté alors à ses plus grandes angoisses : celle de la perte, celle de la mort et celle du morcellement du lien social. C’est ainsi qu’un régime totalitaire, ou ses dérives, n’est autre que le bal des troubles narcissiques qui entraînent la complicité des masses, et il ne faut pas être dupe qu’une véritable inconscience du mal est à l’œuvre pour beaucoup dans la population.
Tortures intellectuelles et injonctions paradoxales créent des troubles psychosociaux à grande échelle, et c’est ce qui rend très intéressant ce livre d’Ariane Bilheran, que de les analyser et de nous les faire comprendre. Alors que faire ? Il est quasiment impossible de descendre d’un train lancé à grande vitesse. En revanche, nous dit l’auteur, nous avons la faculté de faire le choix d’une vie héroïque, corps et âme, fondée sur la dignité de l’homme, la vérité, la charité, le beau, l’amitié, l’art. « Le sort du présent parait scellé, mais le futur sera le fruit des graines que nous semons désormais. »
Un livre essentiel d’un auteur remarquable.
SUD RADIO , André Bercoff, novembre 2023 : Somme-nous dans une dérive totalitaire...
Le totalitarisme n'a jamais été complètement envisagé sous l'angle d'une maladie de civilisation, une pathologie collective délirante, du côté de la psychopathologie, avec les ramifications qui s'ensuivent. C'est ce qu'Ariane Bilheran propose, avec cet essai psychologique et philosophique sur le pouvoir total en politique. Elle démontre que le totalitarisme est un système paranoïaque dans lequel les pathologies perverses, sadiques, transgressives et psychopathes sont à l'honneur.
La condition de survie de ce système est un mensonge premier qui est maintenu dans le secret, l'endoctrinement des masses à l'idéologie, la mise sous terreur des individus et des collectifs, entraînant tout à la fois sidération traumatique, jouissance pour certains et horreur pour d'autres. L'accent est mis sur l'alliance pathologique entre la paranoïa et la perversion pour casser les liens et détruire la subjectivité et les corps des individus, réduits à l'état d'instruments ou pire, d'objets de marchandises inertes et interchangeables. Chacun est susceptible de se laisser entraîner dans la contagion délirante, dont les ressorts sont ici expliqués avec précision.
A partir de ce profond voyage dans la folie du pouvoir, l'auteur explore également les authentiques expériences spirituelles qui ont été faites au sein de l'enfer, comme autant de manifestations d'un cri humain qui rencontre sa liberté au coeur de son désespoir.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2023
- Nombre de pages
- 312
- Hauteur
- 22
- Largeur
- 15.5
- Épaisseur
- 2.5
- Poids
- 0.452 kg
- ISBN
- 9782813229779
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