L'enlèvement - Une histoire intime de l'affaire des otages français au Liban

Le livre… Le 22 mai 1985, le journaliste Jean-Paul Kauffmann et le chercheur Michel Seurat disparaissent peu après leur atterrissage à Beyrouth. La nouvelle de l’enlèvement est finalement rendue publique quatre jours plus tard. Tenue à l’écart des informations, son épouse, Joëlle Brunerie-Kauffmann, se lance dans un combat effréné pour libérer son mari. Elle est bientôt soutenue par un collectif qui rayonnera dans toute la France. L’auteur, fils de Jean-Paul Kauffmann et historien, retrace ce temps fort de la France des années quatre-vingt, à l’apogée de la gauche mitterrandienne, tout en y mêlant ses souvenirs d’enfant qui a vécu ce drame de l’intérieur.

L'HOMME NOUVEAU, Annie laurent, décembre 2023 : 

   22 mai 1985 : à leur arrivée à Beyrouth, Jean-Paul Kauffmann, journaliste à L’Événement du jeudi, et Michel Seurat, orientaliste et islamologue, disparaissent. Peu après, l’organisation Djihad islamique, cellule clandestine du Hezbollah, le parti chiite d’obédience iranienne qui s’est imposé au Liban comme un contre-pouvoir, revendique leur enlèvement. Kauffmann avait déjà visité le pays du Cèdre en 1983, lorsque les chrétiens du Chouf étaient massacrés par leurs compatriotes druzes. Quant à Seurat, dont l’épouse, Mary, est issue d’une famille alépine, il s’était fait connaître par ses travaux sur le régime alaouite gouvernant la Syrie, dont l’armée occupait le Liban depuis 1976.

   Le 5 mars 1986, le Djihad islamique annoncera l’assassinat de Seurat, photos à l’appui, épargnant cependant la vie de Kauffmann. Libéré le 4 mai 1988, ce dernier rentra aussitôt en France, poursuivant sa carrière comme écrivain. Le fils de Jean-Paul, Grégoire, âgé de 11 ans au moment de l’enlèvement et aujourd’hui professeur à Sciences Po Paris, reconstitue dans cet ouvrage très documenté les étapes d’une épreuve qui l’a durablement marqué. C’est grâce aux archives du dynamique comité de soutien constitué par sa mère, Joëlle, conservées dans une grange familiale, qu’il a pu réaliser son travail.

   On y découvre la détermination et le courage de Joëlle : ses lettres aux dirigeants syriens et iraniens ; ses voyages à Beyrouth pour y passer Noël, non dans une démarche de foi mais afin d’être près de son mari qu’elle ne pouvait cependant pas rencontrer, son entretien avec Hassan Fadlallah, secrétaire général du Hezbollah, etc. L’auteur reproduit en outre les quelques lettres, fort émouvantes, que son père a pu envoyer à sa mère. L’ensemble du récit est situé dans le contexte fluctuant de la politique française au cours de ces années douloureuses, marquées par les tiraillements entre Paris et Téhéran (l’Iran reprochait à la France son soutien au régime irakien de Saddam Hussein) et par d’autres prises d’otages français au Liban.

   Ce livre témoignage très éclairant est d’abord l’hommage d’un fils reconnaissant envers une mère méritante. 

LE FIGARO  « Un remarquable témoignage sur les années Mitterrand »

FIGARO LIVRES  ''Ce livre est […] comme un roman, sauf que rien n’y est feint. [...] Roman vrai, ''L’Enlèvement'' l’est au sens familial et national à la fois ''