Régis de Castelnau
Une justice politique - Des années Chirac au système Macron, histoire d'un dévoiement
Le tableau final, lourdement documenté, est celui d'une magistrature qui a fait le choix de son idéologie plutôt que du bien commun
Ce livre est celui d’un avocat, c’est-à-dire de quelqu’un formé au débat contradictoire, moyen d’élaboration fondamental de la vérité judiciaire, et l’ayant utilisé toute sa vie. C’est donc l’exposé d’une thèse dont la présentation vise à emporter la conviction. Il faut l’assumer et cette thèse qui est la mienne, fruit d’une expérience, d’une pratique et de recherches, est évidemment subjective et doit être discutée, commentée, et si nécessaire réfutée.
POLEMIA, Eric Delcroix, novembre 2023 :
Régis de Castelnau, qui a été avocat du Parti communiste et de la CGT, vient de publier un excellent ouvrage intitulé Une Justice politique. Toute personne qui prétend s’intéresser, en France, à la chose publique se doit de le lire. L’objet de l’ouvrage n’est pas le délit d’opinion, au titre duquel (dernier en date) l’essayiste Hervé Ryssen est embastillé à Fleury-Mérogis, dans le silence feutré de la bien-pensance, mais l’utilisation partiale de la justice pour peser sur le fonctionnement des institutions d’État. Au nom du mythe pervers de l’État de droit, sur trois décennies, nos législateurs, stupides voire masochistes, ont constitué des chausse-trappe pour rendre la vie publique périlleuse. Ainsi les occasions de faire intervenir le juge se sont multipliées : financement des partis, cour de justice de la République, question prioritaire de constitutionnalité, etc. Aussi l’auteur peut-il écrire : « L’indépendance de la justice vis-à-vis des deux autres pouvoirs séparés, exécutif et législatif, était à son détriment, plus que relative. Mais se sont déroulés dans notre pays au début du XXIe siècle toute une série d’événements qui ont vu le corps des magistrats soutenu par la presse mener un combat d’émancipation qui a pris la voie d’un affrontement politique » (page 17). Rappelons que, pour la Constitution, la justice est une « autorité » et non un « pouvoir »…
CAUSEUR
A l'heure où les questions judiciaires occupent un espace médiatique toujours plus important, toutes les études démontrent pourtant que l'opinion publique se défie désormais de la Justice. Que s'est-il donc passé ? Bien sûr, la pénurie des moyens explique en partie cette image de service public à l'abandon. Mais, selon Régis de Castelnau, cette défiance prend d'abord racine dans la perte flagrante par la magistrature de sa neutralité au profit d'un exercice politique de sa mission.
En analysant les trois dernières décennies, il montre comment la justice pénale, renonçant à son impartialité, a accepté de devenir un instrument intervenant directement dans le champ politique. Castelnau détricote, pièce par pièce, la plupart des grandes affaires politico-judiciaires récentes et révèle leurs mécaniques cachées. Enfin, il démontre comment les différents dispositifs mis en place par François Hollande ont permis à la haute fonction publique judiciaire, en disqualifiant François Fillon, d'assurer l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron. Et de devenir ensuite une des pièces essentielles de son exercice du pouvoir.
Depuis 2017, Castelnau expose les éléments qui permettent d'affirmer que la Justice ralliée au "bloc élitaire" assure la pérennité d'un système où l'argent joue un rôle majeur. Un système où il s'agit d'abord de protéger les amis, de maintenir une pression constante sur les opposants et enfin de réprimer le Peuple quand il ose exprimer une révolte sociale ou une inquiétude sécuritaire. Le tableau final, lourdement documenté, est celui d'une magistrature qui a fait le choix de son idéologie plutôt que du bien commun
714
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2021
- Nombre de pages
- 557
- Hauteur
- 22
- Largeur
- 14
- Épaisseur
- 4
- Poids
- 0.590 kg
- ISBN
- 9782810009961