Lettre ouverte à un pays déboussolé.
BOULEVARD VOLTAIRE, Gabrielle Cluzel, septembre 2019 :
C’est sans doute une des plus belles surprises de la rentrée : le dernier livre de Sonia Mabrouk, Douce France, où est (passé) ton bon sens ? réconcilierait le plus rétif des lecteurs de Boulevard Voltaire avec la profession de journaliste. C’est dire.
On peut ne pas partager tous les points de vue de Sonia Mabrouk, par exemple lorsqu’elle évoque – sans plus en dire, d’ailleurs – certains "aveuglements sur des enjeux sociétaux" des catholiques, mais on peut gager que de ces sujets-là comme des autres, elle est capable de débattre sans mépriser ni diaboliser. " Quand les évêques ont des courages de femmes, il faut que les femmes aient des courages d’évêque ", disait Jacqueline Pascal, sœur de Blaise. Dans l’église cathodique, comme l’appelle Gilles-William Goldnadel, Sonia Mabrouk en remontre en effet à bien des grands prêtres de la grand-messe médiatique.
Réveillons-nous ! Il y a urgence. Urgence de partir à la (re)conquête du bon sens oublié.
Dans différents domaines, la voie de la sagesse populaire a été délaissée. Tout se passe comme si nous avions collectivement égaré notre faculté de discernement. Il ne s'agit pas ici de faire l'éloge de l'immobilisme ou de tomber dans une quelconque nostalgie, mais, au contraire, d'avancer sur le chemin du bon sens.
Un chemin qui passe par le savoir de nos aînés, celui des campagnes et surtout, par une connaissance qui ne se trouve pas dans les livres, mais dans l'observation du monde tel qu'il est. Dans notre société, on confond simplicité et simplisme. Le bon sens, synonyme de ringardise et de désuétude, a mauvaise réputation. Mais qu'a-t-il pu se passer pour que nous en arrivions là ? Comment avons-nous fait pour le reléguer au rang de valeur désuète et dépourvue de légitimité ? Ou pire encore, puisque selon certains esprits " éclairés " et élites auto-proclamées, réfléchir avec bon sens reviendrait à verser dans le populisme ? Il est ainsi devenu dangereux d'être proche du peuple, de penser comme le peuple.
En vérité, avec ce genre de raisonnement, on marche vraiment sur la tête. Ou, comme dirait ma grand-mère, qui n'est pas dénuée de sens commun : " le monde ne tourne pas rond ma petite-fille ". " Tous les gens très intelligents qui gouvernement nos vies apportent plus de problèmes que de solutions, je les appelle les fournisseurs de crises ! " a-t-elle l'habitude de me dire. Voilà qui me rappelle une maxime de Frédéric Dard : " Le bon sens, c'est ce qui permet d'être écouté quand vous n'êtes pas intelligent ".
Avec une ironie cinglante, l'auteur de San-Antonio a résumé la soi-disant opposition entre intelligence et bon sens, une dichotomie qui nous aveugle et nous éloigne du bon chemin. C'est la raison pour laquelle il est urgent d'ôter nos oeillères. C'est la raison d'être de ce livre qui, exemples à l'appui, invite à quitter la doxa dominante pour adopter de nouveau l'une de nos valeurs cardinales, ce sens commun ou, comme disait George Orwell, cette " common decency ", la " décence ordinaire ". C'est en croyant de nouveau au bon sens, à ce génie populaire, que la France renouera avec le destin qu'elle mérite, celui d'une grande nation. C'est à cette condition que nos vies seront plus riches de l'essentiel. Redonner du (bon) sens à nos vies, c'est retrouver le chemin de l'authenticité.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2019
- Hauteur
- 20
- Largeur
- 13.5
- Épaisseur
- 1.7
- Poids
- 0.234 Kg
- ISBN
- 9782259276825